Le statut de cohabitant diminue les revenus des allocataires sociaux, amplifie la pauvreté de personnes souvent déjà sous le « seuil de pauvreté », viole la vie privée et sépare les couples, empêche les achats mutualisés ou groupés, contribue à la pénurie de logements à loyer abordable, complique les habitations solidaires, les colocations désirées, les regroupements familiaux et le relogement des personnes à la rue, transforme les travailleurs sociaux en agents de contrôle et contribue à l’imbroglio administratif, responsable de nombreux non-recours aux droits.
Et en pleine crise énergétique, la violence du statut de cohabitant est encore plus manifeste et à contre-courant.
Pour aller plus loin, voir :
- le plaidoyer du CIEP-PAC-MOC (2022)
- les 20 raisons d’abroger le statut de cohabitant selon le RWLP (2022)
- la vidéo réalisée par la FGTB (2022)
- l’état de la question par le juriste Nicolas Bernard (2018)
- la rencontre organisée par Agir par la culture (2022)
- l’analyse réalisée par Vivre ensemble en 2012/2013 et en 2022
- la conférence au Sénat organisée par le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale (2018)
Lutter contre le statut de cohabitant, c’est lutter pour l’individualisation des droits (préalable à leur automatisation). Quel que soit le contexte de sa perception, un revenu légal est un revenu légitime, jamais une aumône rognable à souhait.
Quel·le salarié·e, fonctionnaire ou indépendant·e – et même quel·le actionnaire, bailleur, pensionné·e ou héritier·ère – accepterait que son revenu diminue sous prétexte qu’iel habite avec quelqu’un ? Ou, inversement, que son revenu augmente à la condition qu’iel prouve qu’iel ne cohabite avec personne ? Clairement, le statut de cohabitant relève de la nécropolitique et de l’allomorphisme, pour reprendre 2 concepts clés de la boîte à armes politiques du Syndicat des immenses.
Depuis la création de ce statut, il y a 40 ans, des collectifs, groupes de pression et associations, émanant de divers secteurs, se sont insurgés contre ce statut délétère, à intervalles réguliers et chacun de leur côté. En vain. Une stratégie d’action n’a jamais été tentée : réunir et coaliser tous les collectifs, groupes de pression et associations concernés par la problématique.
Et ils sont nombreux, se connaissent mal et n’ont pas l’habitude de collaborer :
- Les retraités
- Les femmes
- Les étudiants
- Les chômeurs
- Les personnes en situation de handicap
- Les personnes en non-logement ou en mal-logement, c’est-à-dire les immenses
- Les ex-détenus portant le bracelet électronique
- Les personnes en incapacité de travail
- Et peut-être d’autres catégories de population.
2022, un momentum ? Nous le pensons, car sept brèches ont déjà été ouvertes dans ce statut, surtout récemment, preuve qu’il n’a rien d’éternel ni d’irréversible.
Quant aux principaux obstacles, ils sont au nombre de six :
- Le coût de la levée du statut de cohabitant (11 milliards par an, mais il y aurait 30% d’effet retour selon la Cour des comptes)
- L’opposition de certains partis politiques de droite
- La nécessité de coaliser les collectifs, groupes de pression et associations néerlandophones et francophones (car la décision de levée doit être prise au niveau fédéral)
- Le fait que certains, comme le Netwerk tegen armoede, militent pour une refonte du statut de cohabitant, mais non pour son éradication
- La levée n’est pas au programme de l’actuel gouvernement fédéral… mais il faut se battre pour qu’elle figure dans le programme gouvernemental du prochain gouvernement, en 2024 : tel est l’objectif du combat de tous les collectifs, groupes de pression et associations concernés par la problématique !
- Totalement consternant, un site concurrent, piloté par le PAC et le MOC, a obstinément refusé toute collaboration et proposition de convergence, malgré des mains tendues 6 mois durant…